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Ménopause : la théorie de la belle-mère
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La ménopause est un processus exceptionnel, qui concerne très peu d’espèces de mammifères. Pour quelle raison intervient-elle chez l’être humain ?
Cette question taraude depuis longtemps les spécialistes de l’évolution. Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs hypothèses sont avancées, parmi lesquelles la théorie de la mère, de la grand-mère et, à présent, du conflit entre belle-mère et belle-fille.
La théorie de la mère explique que les risques liés à la maternité (grossesse et accouchement) augmentent proportionnellement à l’âge de la maman : la ménopause interviendrait comme un mécanisme de prévention. Le problème, c’est que dans la logique de l’évolution, les dangers encourus par une mère âgée n’ont que peu d’importance : ce qui compte, c’est qu’elle se reproduise.
La théorie de la grand-mère (en partie liée à la précédente, d’ailleurs) repose sur le principe qu’un enfant grandira dans un environnement optimal lorsque sa grand-mère – qui n’a plus à se soucier de procréer - lui accorde toute son attention, en compensant le cas échéant certaines déficiences maternelles.
Et donc, il y a la théorie de la belle-mère, et plus précisément du conflit entre elle et sa belle-fille. Cette hypothèse a été avancée, naguère, par des chercheurs britanniques. Une équipe finlandaise (université de Turku) apporte aujourd’hui de l’eau à son moulin. Ses travaux sont d’ordre statistique, avec examen minutieux des registres de naissances, de mariages et de décès complétés par les églises finlandaises entre 1700 et 1900. Et il apparaît que lorsqu’une belle-mère donnait naissance à un enfant durant la même période que sa belle-fille, les chances de survie des bébés de l’une et de l’autre étaient notablement réduites ; ce qui n’est pas le cas dans une configuration mère-fille.
A quoi ce phénomène peut-il être attribué ? A la compétition. Une mère et sa fille partagent 50% de leur patrimoine génétique, et elles ont donc tout intérêt à collaborer. Par contre, la belle-mère et la belle-fille étant totalement « étrangères » sur le plan génétique, elles entrent en conflit en termes de répartition des ressources - en particulier alimentaires - nécessaires pour assurer la survie de leur descendance. L’évolution de l’espèce humaine aurait dès lors conduit à assurer, par la ménopause de la belle-mère, un maximum de chances de survie à l’autre descendance, celle de la belle-fille. Pourquoi cette dernière ? Parce qu'elle est plus jeune et que son espérance de vie étant théoriquement plus longue, elle a davantage de chances de pouvoir accompagner son enfant, et d'assurer ses besoins, jusqu'à ce qu'il devienne autonome.
Un article sur le sujet a été publié dans la revue « Ecology Letters ».