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L’hypertension chez la femme
dossier
Pilule contraceptive, grossesse, ménopause : ces situations particulières aux femmes demandent d’aborder l’hypertension artérielle d’une manière spécifique. Comment les rassurer et quels conseils peut-on donner pour gérer au mieux ce facteur majeur de risque cardiovasculaire ?
Environ un quart des adultes souffrent d’hypertension et cette proportion est équivalente dans les deux sexes. Evidemment, au fur et à mesure que l’on avance dans les tranches d’âge, le pourcentage de patients augmente, sachant aussi que certains états propres à la femme peuvent exercer une influence notable. Sur le fond, les grands principes – hygiène de vie et traitement – valent pour tous, mais des nuances importantes s’appliquent aux femmes.
Rappelons d’abord que la pression artérielle est définie par deux valeurs.
• La pression systolique. Le chiffre le plus haut, qui correspond au moment où le cœur se contracte et pousse le sang vers les artères. Il doit être inférieur à 14 (140 mmHg) au repos.
• La pression diastolique. Le chiffre le plus bas, lorsque le cœur se relâche et se remplit de sang. Il doit être inférieur à 9 (90 mmHg) au repos.
On parle d’hypertension artérielle quand des mesures successives (pendant plusieurs jours) indiquent que la pression ne descend pas sous les 14/9. La notion de pré-hypertension correspond à une pression systolique comprise entre 12 et 14 (120 – 139 mmHg) et une pression diastolique entre 8 et 9 (80 – 89 mmHg). Des adaptations du mode de vie seront alors utiles pour prévenir ou freiner une évolution possible vers l’hypertension.
Contraception orale, grossesse et ménopause : quelle est leur influence ?
La contraception
La prescription de la pilule contraceptive est souvent la première occasion pour une jeune femme d’être directement sensibilisée aux facteurs de risque cardiovasculaire en général, et à l’hypertension artérielle en particulier. En effet, la mesure de la pression artérielle, l'évaluation du taux de cholestérol et la quantification de la consommation tabagique sont autant d’éléments indispensables pour orienter la prescription d’une contraception.
Les hormones contenues dans les pilules contraceptives peuvent parfois stimuler des mécanismes impliqués dans la régulation de la pression artérielle et peuvent provoquer une élévation importante. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est indispensable de procéder à un contrôle lors des consultations de renouvellement de la pilule. La prescription d’une contraception orale reste possible chez une femme hypertendue bien contrôlée, avec une surveillance attentive de la pression artérielle.
En cas de découverte d’une hypertension artérielle chez une femme sous pilule, son arrêt permet généralement un retour à la normale en quelques semaines. Un changement de pilule ou un autre mode de contraception seront envisagés. Si la pression artérielle reste élevée malgré l'arrêt de la pilule (en particulier chez les femmes jeunes), un bilan plus poussé peut se justifier afin d’écarter d’autres causes – hormonales – d’hypertension.
Ajoutons que la combinaison pilule + cigarette est particulièrement néfaste.
La grossesse
En principe, la pression artérielle baisse naturellement chez la femme enceinte. Toutefois, l’hypertension est l’un des problèmes de santé les plus fréquemment rencontrés lors d’une grossesse. Il convient de distinguer deux situations : la grossesse chez une femme hypertendue et l’apparition d’une hypertension pendant la grossesse.
La grossesse chez la femme hypertendue
Cette situation est devenue relativement courante, en raison : 1°) du fait que l’âge moyen des grossesses est de plus en plus avancé et 2°) de la progression constante du surpoids et de l’obésité chez les jeunes adultes. L’hypertension ne constitue pas une contre-indication à la grossesse, mais elle appelle des précautions particulières.
• Avant : programmer si possible la grossesse
Prévoir la période de grossesse permet, en concertation étroite avec son médecin, de vérifier que le traitement contre l’hypertension est compatible avec le développement du bébé. Une série de médicaments sont déconseillés, voire contre-indiqués. Une modification de la prescription est fréquemment nécessaire. Planifier sa grossesse constitue une motivation forte pour adopter une hygiène de vie optimale : arrêter de fumer, perdre quelques kilos en excès… Si une femme tombe enceinte en cours de traitement antihypertenseur, elle ne doit certainement pas s’affoler : le gynécologue adaptera la thérapie et organisera le suivi.
• Pendant : une surveillance étroite
Dans la grande majorité des cas, la grossesse d’une femme hypertendue se déroule normalement. Une auto-surveillance fréquente de la pression artérielle est recommandée, afin de détecter précocement d’éventuelles anomalies et de réagir rapidement pour prévenir les complications (surtout l’éclampsie). Dans ce contexte, il est bon de tenir son poids à l’œil.
• Après : l’allaitement maternel
Après l’accouchement, le médecin réévaluera les paramètres tensionnels et le traitement habituel pourra être repris normalement, sauf si la femme donne le sein. Dans la mesure où certains médicaments antihypertenseurs peuvent causer du tort au bébé, ils devront être exclus durant cette période.
L’hypertension artérielle de la grossesse
L’hypertension gravidique concerne 5 à 10% des femmes enceintes : alors que leur pression artérielle était normale avant la grossesse, les valeurs dépassent 140/90 mmHg. Ceci se produit le plus souvent après le quatrième mois, et dans la plupart des cas, la situation revient à la normale après l’accouchement.
Cette situation appelle une surveillance spécifique pour éviter des complications sérieuses pour la mère et pour l’enfant (surtout la pré-éclampsie). Si la sévérité de l’hypertension le justifie, un traitement médicamenteux pourra être prescrit.
On sait que les femmes qui ont présenté une hypertension gravidique sont plus à risque de développer une hypertension « classique » plus tard dans l’existence. Afin de freiner cette évolution, l’adoption de comportements sains est importante : maîtriser son poids, modérer sa consommation de sel, pratiquer une activité physique régulière et arrêter définitivement la cigarette.
La pré-éclampsie et l’éclampsie
• La pré-éclampsie (ou toxémie gravidique) touche 5% des femmes enceintes. Elle survient classiquement pendant le dernier trimestre de la grossesse et associe une hypertension artérielle, une protéinurie (présence d’albumine dans les urines), des anomalies biologiques comme l’élévation de l’acide urique (uricémie), une baisse du taux de plaquettes (thrombopénie) et un retard de croissance du fœtus. En l’absence de traitement, il se produit une évolution vers l’éclampsie.
• L’éclampsie correspond à la survenue de convulsions et de troubles de la conscience, avec un risque majeur de mortalité : il s’agit d’une urgence vitale. Après la stabilisation de la maman, l’arrêt de la grossesse (mise au monde du bébé) dans les meilleurs délais est impératif.
La ménopause
L’hypertension artérielle après la ménopause - et la perte de l’effet protecteur des œstrogènes naturels - est la forme la plus habituelle chez la femme, avec une fréquence qui rejoint celle observée dans la population masculine.
Cette hypertension se caractérise fréquemment par une pression systolique supérieure à 140 mmHg, alors que la pression diastolique reste normale (sous les 90 mmHg). Mais cette caractéristique n’est pas pour autant rassurante, puisque les risques cardiovasculaires sont aussi importants qu’en cas d’élévation combinée des pressions systolique et diastolique.
Les traitements antihypertenseurs ont démontré leur grande efficacité pour prévenir les complications de l’hypertension : accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque et démence.
Le vrai et le faux
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