Maladies rhumatismales et grossesse : ce qu'il faut savoir
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Maladies rhumatismales et grossesse : ce qu'il faut savoir
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La
polyarthrite rhumatoïde, la
spondylarthrite et le
lupus systémique, trois affections rhumatismales, touchent souvent les femmes en âge de procréer. Toutefois, ces troubles rhumatismaux ne doivent pas constituer un problème si vous souhaitez être enceinte. La grossesse se déroule normalement, en général, et le bébé naît en bonne santé. Il faut toutefois bénéficier d’un suivi plus régulier du rhumatologue comme du gynécologue.
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- 70 à 80% des patientes enceintes souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) bénéficient même d’une rémission pendant leur grossesse, qui se déroule de manière tout à fait normale. C'est particulièrement le cas pour celles dont le sang est exempt des anticorps classiques (RF et CCP). Durant leur grossesse, elles doivent prendre moins de médicaments, voire aucun. 20 à 30% des femmes atteintes de PR connaîtront une polyarthrite rhumatoïde active ou même une aggravation de leur état pendant la grossesse. Environ 90% des patientes sont victimes d’une recrudescence de la maladie dans les trois mois suivant l’accouchement. Mieux vaut anticiper ce sursaut. Une intervention rapide évite des problèmes trop importants.
- 50% des femmes atteintes de spondylarthrite auraient moins de douleurs, surtout pendant le premier trimestre de leur grossesse.
- Des améliorations peuvent également survenir dans le cas d’un lupus systémique mais des poussées, souvent légères mais parfois sérieuses, peuvent se produire. Ces femmes se portent souvent mieux après la grossesse, contrairement à celles qui souffrent d’arthrite rhumatoïde.
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Avant la grossesse
La maladie doit être sous contrôle avant la
grossesse. Les patientes souffrant d’une affection rhumatismale active tombent difficilement enceintes. En outre, pendant la grossesse, il faut renoncer à certains médicaments pour ne pas exposer le fœtus à des malformations. Il s’agit de deux substances : le méthotrexate (3 mois d’interruption) et le léflunomide (jusqu’à 24 mois d’arrêt ou un bref rinçage médicamenteux). Par ailleurs, le patient masculin dont la partenaire souhaite un bébé doit également cesser de prendre du méthotrexate.
A l’heure actuelle, on dispose de données insuffisantes sur les médicaments biologiques. Dans la plupart des cas, on conseille donc d’en interrompre la prise suffisamment longtemps avant la grossesse. Discutez à temps de vos projets avec votre rhumatologue, de préférence au moment du diagnostic, si vous désirez avoir des
enfants. Il pourra ainsi opter pour le traitement le plus adéquat.
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Rhumatismes : problèmes possibles pendant la grossesse
Les conséquences possibles pour la mère et l’enfant varient en fonction du type de rhumatismes :
- Une polyarthrite rhumatoïde très active pendant la grossesse augmente le risque de naissance avant-terme et de retard de croissance (une petite taille pour l’âge à la naissance). Si la maladie est bien contrôlée, elle n’implique guère de risques, si ce n’est une légère augmentation du risque de pré-éclampsie.
- L’issue de la grossesse est normale en cas de spondylarthrite.
- La situation est moins rose en cas de lupus systémique : la mère s’expose à de l’hypertension, des problèmes rénaux, de la pré-éclampsie et des risques de thrombose. Un bébé sur trois est prématuré quand la maladie n’est pas active, deux sur trois dans le cas contraire. Le nouveau-né est souvent trop petit et il est exposé à un lupus néonatal (arythmie cardiaque déclenchée par les anticorps transmis par la mère via le placenta ou problèmes cutanés immédiatement après la naissance). On recense 16% de fausses couches spontanées. Certaines femmes souffrent de lupus systémique sans le savoir et ne l’apprennent qu’après avoir fait plusieurs fausses couches.
Un accouchement par les voies naturelles est possible dans la majorité des cas, sous péridurale si la mère le souhaite. Toutefois, on procède plus souvent à une césarienne, quel que soit le type de rhumatismes.
L’enfant court un risque limité de souffrir lui aussi d’une affection rhumatismale. La génétique est très complexe. On estime le risque de transmission de la polyarthrite rhumatoïde à 12%, celui de la spondylarthrite oscille entre 8 et 12% et le risque de lupus systémique est de 7%.
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Maladies rhumatismales, leurs traitements et la grossesse
Le traitement des rhumatismes pendant la grossesse n’est pas évident. Il faut continuer à les soigner car une poussée peut avoir un impact négatif sur le déroulement de la grossesse. Discutez avec votre médecin des médicaments que vous pouvez continuer à prendre sans risque. Vous serez aussi suivie plus attentivement. N’oubliez pas que la prise de médicaments aura en général moins d’impact sur le fœtus qu’une poussée de la maladie pendant la grossesse. Suivez donc méticuleusement les conseils de vos médecins et n’interrompez jamais un traitement sans les consulter.
- Certains médicaments ne peuvent être pris pendant la grossesse et certains doivent même être arrêtés bien avant que vous ne tombiez enceinte. Il s’agit notamment du méthotrexate (par exemple Ledertrexate) et le léflunomide (p.ex. Arava) ainsi que les anti-TNF (les médicaments biologiques). Certaines grossesses se déroulent normalement malgré la prise d’anti-TNF mais le sujet doit encore faire l’objet d’études complémentaires, puisque ces médicaments sont relativement nouveaux. Ils pourraient être pris sans risques pendant le premier trimestre de la grossesse.
- Les antidouleurs et les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont en général déconseillés pendant la grossesse. Tout au plus peuvent-ils être pris jusqu’à 32 semaines, à l’exception des inhibiteurs COX2 sélectifs ou coxibs.
- Les antagonistes de l’interleukine anakinra et tocilizumab peuvent être pris, avec prudence.
- D’autres médicaments peuvent être poursuivis en toute sécurité pendant la grossesse, comme la Salazopyrine, le Plaquenil et les corticostéroïdes.
- On peut avoir recours aux corticostéroïdes en fin de grossesse afin d’accélérer la maturation des poumons du bébé, si on redoute une naissance prématurée.
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Il est donc tout à fait possible de mener à bien une grossesse malgré des rhumatismes, moyennant un bon suivi. Informez-vous à temps et cherchez un gynécologue qui soit prêt à travailler de concert avec votre rhumatologue. Les gynécologues ne comptent pas forcément beaucoup de femmes atteintes de rhumatismes parmi leur patientèle…
Dernière mise à jour: juillet 2022
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