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Le stress néfaste à la mémoire : ces conseils peuvent vous aider
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Les rats soumis à un stress considérable souffrent de pertes de mémoire et assimilent moins vite de nouvelles choses. Les humains aussi éprouvent des difficultés à retenir les informations apprises avant et pendant une période de stress, comme l’ont démontré des études. Le Dr. Luc Swinnen, expert en stress, explique pourquoi et prodigue quelques conseils.
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Le stress, cause de pertes de mémoire
« L’université de Floride du Sud a réalisé une étude. Elle a d’abord appris aux rats à trouver la sortie d’un labyrinthe. Quand tous les animaux ont maîtrisé l’exercice, les chercheurs ont divisé le groupe en deux. Ils ont soumis le premier au stress en obligeant les rats à passer devant la cage d’un chat. Qu’en est-il ressorti ? Les rats qui n’avaient pas été confrontés au chat ont facilement retrouvé le chemin appris mais les congénères confrontés au chat n’y sont plus parvenus. Ils avaient complètement perdu la mémoire. En plus, ces rats stressés ont éprouvé beaucoup plus de difficultés à réapprendre la route qu’auparavant.
Les êtres humains exposés à un stress considérable souffrent du même problème. Leur mémoire à court et à long terme est affectée par le stress, ainsi que leur mémoire de travail. C’est en quelque sorte une mémoire « pour l’avenir ». On y stocke une série de tâches à effectuer plus tard. Par exemple : « En rentrant à la maison, je ne dois pas oublier de répondre au mail de ma fille. » Cette mémoire de travail est extrêmement importante mais le stress la paralyse complètement. Tout le monde connaît ce sentiment : on DOIT se souvenir de quelque chose sur le champ mais on n’y parvient pas. Quelques heures plus tard, une fois le stress évacué, on retrouve ses esprits.
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Prévenir la perte de mémoire déclenchée par le stress
« Le stress booste la production de cortisol. Cette hormone est un véritable poison pour les connexions entre les neurones, les synapses. Un excès de cortisol dans le sang et dans le cerveau détériore ces synapses. Nous oublions alors beaucoup de choses et sombrons plus facilement dans la dépression. Heureusement, nous sommes en mesure de nous rétablir, grâce à différentes mesures qui accroissent notre résistance : bouger suffisamment (effectuer 10.000 pas par jour cinq fois par semaine) mais aussi dormir assez, avec un sommeil de qualité, passer du temps dans la nature, avoir beaucoup de contacts sociaux et prévoir suffisamment d’activités cognitives, comme lire un livre ou regarder un documentaire. Tout cela contribue à la formation de nouveaux neurones.
Maguire, un célèbre scientifique, l’a parfaitement démontré dans son étude avec des chauffeurs de taxi londoniens, en 2000. Ceux-ci bénéficient d’une formation approfondie. Ils doivent apprendre à trouver leur chemin dans le labyrinthe des nombreuses artères de la capitale, sans GPS. A l’issue de cette formation, Maguire a détecté un plus grand nombre de cellules grises dans deux zones du cerveau, l’hippocampe droit et le gauche. La mémoire spatiale des chauffeurs s’est donc améliorée, plus nettement encore chez ceux qui avaient étudié le plus longtemps. Les résultats suggèrent qu’ils ont enregistré une carte de Londres et que l’augmentation du nombre de neurones leur permet de la reproduire dans la circulation.
Ce n’est pas tout. J’ai utilisé pendant des années la théorie polyvagale et l’expérience m’a appris que les personnes plus conscientes de la partie ventrale du nerf vague ont une meilleure mémoire et stockent davantage d’informations. On atteint cette partie du nerf par certains exercices respiratoires, comme la fameuse respiration 4-7-8 – vous inspirez 4 secondes, attendez 7 secondes puis expirez pendant 8 secondes. C’est un exercice compliqué pour de nombreuses personnes. Il suffit déjà d’expirer plus longtemps qu’on n’inspire pour obtenir un résultat, par exemple inspirer 5 secondes et expirer 7 secondes. Cet exercice permet de produire plus d’acétylcholine, de se calmer et de se rétablir. Du coup, on apprend davantage, on est plus créatif et mieux dans sa peau. On établit des connexions plus rapides avec soi-même, les autres et son environnement, assimilant ainsi une masse d’informations et améliorant sa mémoire.
Je décris de nombreux autres exercices dans ”Activeer je nervus vagus” (Activez votre nerf vague, ndlr). Ils sont basés sur le travail corporel et l’équilibre autonome. Nous partons du principe qu’il existe aussi une mémoire corporelle, qui enregistre les bonnes et les mauvaises expériences. On peut entraîner cette mémoire corporelle. Pour reprendre les termes de Bessel van der Kolk : "The body keeps the score". »
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