Trouble bipolaire : causes, symptômes, traitements

dossier Le trouble bipolaire ou trouble maniaco-dépressif est un trouble sévère de l'humeur. Le terme bipolaire fait référence aux deux pôles extrêmes de ce trouble : une période maniaque et une période dépressive. Voici les causes, les symptômes et les traitements de la maladie en 9 questions.

Qu'est-ce que le trouble bipolaire ?

Ce trouble de l'humeur est caractérisé par une alternance d'épisodes de dépression et des épisodes maniaques (périodes d'euphorie, de grande énergie). Habituellement, la période maniaque survient juste avant ou après la période dépressive. Ces périodes peuvent durer une semaine ou plus.

Entre ces deux phases, l’humeur revient à la « normale » pendant une période plus ou moins longue (parfois jusqu'à dix ans). Dans d’autres cas, les épisodes maniaques ou maniaques légers (hypomanie) et les épisodes dépressifs se succèdent plus rapidement.

Si une personne traverse quatre épisodes ou plus au cours d'une année, on parle de cycles rapides. Il peut s’agir d’épisodes contigus (une alternance constante de dépression et de manie/hypomanie) ou d’épisodes isolés avec une phase sans symptômes. Les épisodes peuvent durer des jours (parfois) ou des semaines (généralement). Dans certains cas, l'humeur peut changer dans la même journée. Habituellement, les périodes dépressives ont le dessus.

Il est important de faire la distinction entre la dépression et le trouble maniaco-dépressif, car le traitement n'est pas le même.

La maladie est parfois difficile à reconnaître et très imprévisible. La bipolarité peut prendre trois formes.

  • Trouble bipolaire de type 1. Caractérisé par des périodes maniaques, dépressives et mixtes.
  • Trouble bipolaire de type 2. Au moins un épisode hypomaniaque en plus de la dépression.
  • Trouble cyclothymique. Une série d'épisodes maniaques légers (hypomaniaques) surviennent, interrompus par des épisodes de dépression plus légère et des phases d'épuisement.

Voir aussi l'article : Qu'est-ce que la dépression et quels sont ses symptômes ?

A quel âge se déclare la maladie ?

La maladie commence presque toujours entre l'âge de 15 et 35 ans mais elle peut aussi débuter plus tard. Elle persiste durant toute l'existence. Le trouble bipolaire survient chez environ 1 à 2% de la population (d'autres sources parlent de 5 à 6%) et aussi souvent chez les hommes que chez les femmes. Le risque augmente nettement en cas d'antécédents familiaux.

Quelles sont les causes ?

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Pourquoi une personne déclare-t-elle un trouble bipolaire ? La cause exacte de cette maladie mentale n'est pas encore connue. On sait qu'il repose sur une combinaison de plusieurs facteurs, avec probablement une prédisposition génétique. Des éléments psychologiques, biologiques et sociaux peuvent le déclencher.

La prédisposition génétique

Il existe une prédisposition héréditaire familiale ou une vulnérabilité au développement du trouble bipolaire. Plus des deux tiers des patients ont au moins un membre de leur famille proche atteint d’un trouble de l'humeur. Les personnes dont un parent au premier degré (père, mère, frère, soeur...) ont déclaré un trouble bipolaire présentent plus de risques de le développer à leur tour.

Le risque que les enfants d'un parent atteint par la maladie en souffrent à leur tour serait d'environ 20%. Si les deux parents sont atteints, cette probabilité grimpe à 50%. Chez les jumeaux monozygotes, ce risque peut atteindre 70%. Le lien avec la maladie chez des parents au second degré n’est pas clairement établi.

Différents gènes semblent jouer un rôle, indépendamment les uns des autres. Un test ADN est donc inutile à ce stade. La question génétique fait encore l'objet de nombreuses recherches scientifiques.

Les facteurs physiologiques ou biochimiques


Chez les patients bipolaires, des changements dans certaines parties du cerveau ont été mis en avant. L’équilibre des substances chimiques responsables de la neurotransmission dans le cerveau (la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine) serait perturbé. Des anomalies du rythme circadien (rythme jour-nuit) ont également été observées chez les personnes atteintes de trouble bipolaire.

Des troubles physiques peuvent parfois aussi jouer un rôle, comme une maladie thyroïdienne, un accident, une lésion cérébrale...

Les facteurs psychologiques

La personnalité et le caractère d'un individu vont avoir une influence sur sa gestion du stress, d'une perte ou d'expériences traumatisantes. Chez certains bipolaires, on trouve les traits de personnalités suivants : une difficulté à résoudre les problèmes, un manque de confiance en soi ou encore une tendance au perfectionnisme.

Le risque de développer un trouble bipolaire est également plus élevé chez les personnes qui souffrent de dépressions chroniques et chez les femmes qui ont vécu une dépression post-partum.

Les facteurs sociaux


Des événements peuvent provoquer une dépression ou une manie chez certaines personnes sensibles : divorce, difficultés financières, naissance d'un enfant, décès d'un proche, problèmes au travail, amour intense, négligence ou abus durant l'enfance...

Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?

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Le trouble bipolaire ne se déclare pas du jour au lendemain. La maladie est latente et se révèle sur la durée.

Les symptômes peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre. Cependant, un symptôme typique est l'alternance entre des épisodes symptomatiques (dépression, manie, hypomanie) et d'autres épisodes presque sans symptômes (rémission).

Le trouble bipolaire, selon la gravité et la durée des épisodes, affecte énormément le quotidien des malades. Les épisodes graves peuvent entraîner des ruptures temporaires ou à long terme avec l'école ou le travail. L'entourage (parents, conjoint, amis...) peut être sous pression face au trouble. La nature variable de la maladie empêche souvent de savoir comment approcher la personne bipolaire. L'aide d'un professionnel de la santé est primordial. Durant les périodes stables, retrouver l'équilibre de la relation peut être difficile.

Les symptômes des épisodes maniaques

Lors d'un épisode maniaque, le patient présente une joie excessive, de l'excitation, de l'impulsivité voire une désinhibition. Il peut parfois s'exposer et exposer son entourage à certains dangers. Cette période peut durer des semaines, parfois des mois.

  • Les symptômes émotionnels
    - exaltation, euphorie
    - irritabilité, agressivité et crises de colère
    - trop d’optimisme
    - intolérance
    - comportement intrusif

  • Les symptômes cognitifs.
    - augmentation de la confiance en soi, excès de confiance, illusion de grandeur
    - problèmes d'attention
    - passage du coq à l’âne, dispersion dans les tâches

  • Les symptômes physiques
    - très peu besoin de sommeil
    - hyperactivité

  • Les symptômes comportementaux
    - grande facilité de conversation
    - hyperactivité, augmentation de la créativité ou de la productivité
    - impulsivité
    - prise de risques
    - achats ou transactions commerciales inconsidérés
    - libido élevée

    Dans les cas extrêmes, une psychose peut survenir, dans laquelle se produisent des délires et des hallucinations et le contact avec la personne se perd.

Les épisodes hypomaniaques


L'hypomanie est une forme légère de manie. On retrouve des symptômes tels que l'hyperactivité, l'euphorie, l'impulsivité et/ou l'irritabilité, mais pas de symptômes psychotiques ou de sentiment de mégalomanie. L'épisode n'interfère pas avec les relations amoureuses normales et la vie quotidienne.

Habituellement, les personnes atteintes ont besoin de beaucoup moins de sommeil, certaines connaissent une poussée de créativité ou de productivité. Souvent, il y a une augmentation de la libido.

Un épisode hypomaniaque peut durer des semaines ou des mois.


Les épisodes dépressifs.


Les épisodes dépressifs du trouble bipolaire sont caractérisés par un sentiment persistant d'abattement, de perte d'énergie ou de l'envie de vivre. Ces périodes peuvent également durer des semaines, voire des mois.

  • Les symptômes émotionnels
    - découragement, tristesse
    - sentiment de culpabilité
    - désespoir
    - irritabilité
    - léthargie, désintérêt général
    - pensées suicidaires

  • Les symptômes cognitifs
    - perte de concentration
    - capacité de réflexion réduite
    - indécision

  • Les symptômes physiques
    - modifications de l'appétit, du poids
    - altération du sommeil
    - fatigue

  • Les symptômes comportementaux
    - isolement, solitude
    - timidité, peur des interactions sociales

Les épisodes dépressifs sévères peuvent entraîner une psychose accompagnée de délires et d'hallucinations. Ces épisodes durent au moins 1 à 2 semaines et peuvent durer des mois s'ils ne sont pas traités.


Les épisodes mixtes



Les épisodes mixtes montrent un mélange des symptômes maniaques et dépressifs. Par exemple, le patient pleurent lord d'un épisode maniaque ou ses pensées se dispersent pendant un épisode dépressif.

Le trouble bipolaire associé à d'autres troubles ?

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Le trouble bipolaire peut être associé à d'autres problèmes de santé (comorbidités).


  • Chez l'enfant, le TDA/H et la dépression peuvent être un signe du développement ultérieur d’un trouble bipolaire.

  • Chez l'adulte, il existe un risque élevé de toxicomanie avec abus ou dépendance à l'alcool ou aux drogues. Cela se produirait chez plus de la moitié des personnes souffrant de trouble bipolaire. Un trouble de l'alimentation est également un problème récurrent.

  • Parfois, le trouble bipolaire est associé à des crises de panique et à des troubles de la personnalité.

  • Des changements dans les processus cognitifs sont souvent observés tels que la baisse de l'attention et des capacités d’exécution ainsi que des problèmes de mémoire.

Voir aussi l'article : Les sortes de drogues et leurs effets

Et le risque de suicide ?

Le trouble bipolaire augmente le risque de suicide. Au moins la moitié des patients font une tentative de suicide. Il est donc très important de reconnaître et de traiter la maladie à temps, également pour prévenir le risque suicidaire.

Comment pose-t-on le diagnostic ?

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On parle de trouble bipolaire si la personne a déjà vécu au moins un épisode maniaque et un ou plusieurs épisodes dépressifs ou un épisode hypomaniaque et un ou plusieurs épisodes dépressifs.

Le trouble bipolaire est parfois difficile à distinguer d'un trouble dépressif, d'un trouble de la personnalité ou d'un trouble psychotique. Par conséquent, des années peuvent s'écouler entre les premiers symptômes et la diagnostic de trouble bipolaire.

• Certains symptômes peuvent être des signes d'alerte, surtout en cas d'antécédents familiaux de trouble bipolaire : troubles du sommeil, hyperactivité et impulsivité, labilité émotionnelle, sautes d'humeur, symptômes dépressifs, irritabilité, anxiété, panique et symptômes psychotiques. Mais ces symptômes peuvent être transitoires ou liés à une autre maladie mentale.

• On demandera toujours aux personnes souffrant de dépression chronique s'il y a eu des épisodes antérieures de variations de l'humeur disproportionnées, d'activité accrue et/ou de comportement désinhibé. Les symptômes maniaques légers sont souvent difficiles à distinguer d'un comportement normal et ils ne sont pas toujours identifiés. Parfois, il est également nécessaire d'interroger la famille.

• Les antidépresseurs peuvent causer des symptômes maniaques. Ceux-ci peuvent aussi survenir en cas d'arrêt (soudain) d'un antidépresseur.

• Le médecin tente d'esquisser le fonctionnement psychologique du patient à l'instant "T" mais aussi de retracer son évolution durant les semaines précédentes. Pour savoir si le patient traverse une phase maniaque, il interrogera le patient sur d'éventuels comportements d'hyperactivité.

• Pour faire la différence entre dépression et épisode dépressif lié à la bipolarité, le médecin demandera toujours si une phase d'« euphorie » (c'est-à-dire de manie) a déjà eu lieu dans le passé. La prise en charge des ces deux maladies est complètement différente.

• Le médecin essaiera également de déterminer si le comportement est influencé par la consommation d'alcool, de médicaments ou de drogues.

• Enfin, une pathologie cérébrale peut également déclencher un épisode maniaque, surtout si le premier épisode maniaque s'est déclaré à un âge avancé (> 50 ans).


Quel traitement et quelle prise en charge ?

Le trouble bipolaire est une maladie mentale grave. L'accompagnement du patient par un psychiatre est essentiel. Le traitement doit aborder à la fois les épisodes maniaques et dépressifs ainsi que les épisodes mixtes avec des changements d'humeur rapides. Il est également important de prévenir l'apparition de nouveaux épisodes.

Il n'existe pas de traitement curatif du trouble bipolaire mais la plupart des patients peuvent espérer un meilleur contrôle de leurs symptômes.

Le traitement du trouble bipolaire se fait en 3 phases.

Phase 1. Au début, les médicaments visent à atténuer les symptômes maniaques et dépressifs. Une admission temporaire en milieu hospitalier est souvent requise. Cette première phase du traitement dure quelques semaines.

Phase 2. Elle consiste à permettre de continuer à vivre aussi normalement que possible.

Phase 3. C'est le traitement d'entretien, afin de stabiliser la maladie et de prévenir les rechutes. Ce traitement dure généralement plusieurs années voire à vie.

Le traitement le plus efficace contre le trouble bipolaire consiste en une combinaison de médicaments, de psychothérapie et de psychoéducation.

Les médicaments

Habituellement, plusieurs médicaments sont associés. Avec des médicaments tels que le lithium, des tests sanguins réguliers sont nécessaires.

• Les stabilisateurs de l'humeur sont utilisés pour prévenir les épisodes. Le lithium est l'agent le plus couramment utilisé. D'autres agents peuvent également être prescrits.

• Les antipsychotiques sont utilisés pour le traitement de la manie.

• Les antidépresseurs sont utilisés pour le traitement de la dépression. Mais il y a un risque d’hypomanie.

• En plus de ces substances, des anxiolytiques et des calmants sont également utilisés.

La psychothérapie

Elle apprend à gérer les émotions et les conflits, en abordant des aspects supplémentaires, tels que l'anxiété et la toxicomanie.

La psychoéducation

Il est important que le patient et sa famille comprennent mieux la maladie, les facteurs de risque qui déclenchent une humeur, les premiers signes d'un nouvel épisode, et qu'ils apprennent à y faire face.

Que peut-on faire soi-même ?

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Le patient peut agir par lui-même pour réduire le risque de sautes d'humeur.

  • Garder un bon rythme veille - sommeil, en particulier se coucher et se lever à des heures régulières. Les horaires de travail irréguliers ou le travail de nuit ne sont pas recommandés. Une personne bipolaire peut aussi être très sensible au changement d'heure (heures d'hiver et d'été, décalage horaire...).

  • Pratiquer une activité physique (marche, vélo, natation...).

  • Faire des exercices de relaxation : ils peuvent réduire l'anxiété et aider à mieux dormir.

  • Ne pas consommer d'alcool ou de drogue (même douce).

  • S'entourer (famille, amis...) : attention à l'isolement.

  • Gérer le stress de la vie quotidienne et professionnelle.

  • Apprendre à connaître les signes avant-coureurs des épisodes.

  • Prendre ses médicaments avec soin : ne jamais arrêter ou changer le dosage de sa propre initiative.

Sources

https://www.msdmanuals.com
https://www.has-sante.fr



Dernière mise à jour: janvier 2023

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