- dossier5 conseils pour tirer son lait au travail en restant zen
- dossierPourquoi mon bébé claque la langue ?
- dossierPourquoi embrasser un bébé lorsqu'on a un bouton de fièvre est dangereux ?
- dossierVert, bleu, orange... Mon lait est de couleurs différentes, c'est normal ?
- dossierBébé : les questions que se posent les mamans
L'aversion et agitation pendant l'allaitement (AAA): quand la tétée devient insupportable
dossier
On dit que l'allaitement est une expérience par essence merveilleuse, et forcément agréable pour bébé et maman. Mais il arrive parfois que, sans savoir pourquoi, une mère allaitante ressente un profond sentiment de malaise en allaitant. Elle a soudain une envie intense d'éloigner de son sein l'enfant qui tète. Ce sentiment qu'on appelle l'aversion ou agitation pendant l'allaitement (AAA) peut être très culpabilisant pour la maman, et compromettre son allaitement.
Aversion et agitation pendant l'allaitement (AAA), c'est quoi ?
Le sentiment d'aversion et agitation pendant l'allaitement (AAA), appelé Breastfeeding aversion and agitation (BAA) en anglais, correspond à un sentiment négatif très intense qui survient lors des tétées, entre le moment où l'enfant exprime son envie d'être au sein et qui se termine généralement avec la tétée elle-même.
L'AAA est à différencier du réflexe d'éjection dysphorique, ou RED, qui correspond à un sentiment d'aversion intervenant uniquement à un moment bien précis: lors du réflexe d'éjection maternel, c'est à dire quand le lait sort du sein. Le RED se caractérise donc pas sa courte durée, entre 30 secondes et 2 minutes en moyenne, et ne peut pas survenir en fin de tétée, par exemple.
Cela étant, une AAA peut varier en durée et en intensité d'une femme à l'autre, et a en commun avec le RED des sentiments négatifs intenses et incontrôlables de colère, dégoût, rejet, désespoir, envie de fuir, avec parfois des manifestations physiques telles que démangeaisons intenses, sensation de peau qui tiraille, douleurs à la poitrine, trou dans l'estomac, gorge serrée, nausées...
Une étude publiée en 2017 sur les émotions négatives déclenchées par l'allaitement explique: « Ce phénomène se caractérise par des sentiments de colère ou de rage, une sensation d'écœurement et une envie de retirer le bébé qui tète, mais il peut aussi s'agir de sentiments d'agitation et d'irritabilité pendant que le bébé est au sein. Un certain nombre de mères qui éprouvent de l'aversion continuent tout de même à allaiter, mais éprouvent des sentiments de culpabilité et de honte tout en ressentant une certaine confusion autour de ces sentiments. »
Voir aussi l'article : Phobie d'impulsion : 'J’ai peur de faire du mal à mon bébé'
Quelles sont les causes de cette aversion et agitation lors de l'allaitement ?
Voir aussi l'article : La dépression post-partum ou post-natale (DPN)
Les conséquences d'une AAA
L'aversion est supportée différemment par les femmes. Certaines ressentent des sentiments si violents que sevrer leur enfant s'impose à elle. Souvent, la mère éprouve des sentiments de culpabilité vis à vis de son enfant. Ressentir une pulsion de rejet pour son enfant n'est jamais agréable, même si le sentiment s'estompe aussitôt la tétée finie. Selon une autre étude récente publiée en 2021 dans Women and Birth, « Les sentiments d'aversion pendant l'allaitement ont été décrits comme viscéraux et accablants, menant à des sentiments de honte et d'inadéquation. » (...) « Les sentiments de « dégoût » pendant l'allaitement peuvent empêcher les femmes d'atteindre leurs objectifs personnels en matière d'allaitement. » Le sujet étant par ailleurs très tabou, peu de femmes osent aborder le sujet avec leur médecin ou leur sage-femme.
Je ne supporte plus que mon enfant tète, que faire ?
Si surmonter une aversion peut sembler difficile, certaines attitudes peuvent néanmoins aider :
- Faire diversion : se changer les idées pendant la tétée en parlant à votre bambin ou à votre entourage, en regardant une série, votre téléphone, en écoutant de la musique...
- Prendre soin de soi : bien manger, dormir un minimum, demander de l'aide voire un relais si besoin peut faire beaucoup. Certaines mères rapportent une aversion plus forte lorsqu'elles sont seules à la maison, en fin de journée ou la nuit, lorsqu'elles sont fatiguées ou stressées.
- Changer de point de vue : et si vous preniez ce sentiment, a priori négatif, comme le signe que vous avez besoin de revoir votre façon d'allaiter ? Soit en induisant un sevrage, si vous en ressentez du coup le besoin, soit en changeant vos habitudes d'allaitement: en espaçant le nombre de tétées si votre enfant est suffisamment grand, en changeant vos habitudes de nuit (arrêter ou réduire le cododo par exemple), etc. Votre enfant grandit !
- Ne pas culpabiliser ni avoir honte : connaître le syndrome de l'AAA doit déjà vous permettre de déculpabiliser. Ce que vous ressentez n'est ni honteux ni anormal. Et si votre enfant semble souffrir de la situation, lui expliquer avec des mots simples peut permettre de le sevrer (ou réduire les tétées, en durée et fréquence) en douceur.
Voir aussi l'article : À quel moment bébé peut-il dormir en toute sécurité dans sa chambre?
Voir aussi l'article : Vert, bleu, orange... Mon lait est de couleurs différentes, c'est normal ?
Sources :
https://www.lllfrance.org
https://onlinelibrary.wiley.com