Mathématiques : l’enfant qui est resté en nous
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Les enfants et les adultes appréhendent les nombres d’une manière différente. Néanmoins, il reste toujours quelque chose en nous de notre enfance.
L’intention de ces chercheurs de l’université de Tel Aviv consistait à évaluer la part de l’inné et de l’acquis dans l’estimation des ordres de grandeur. Autrement dit, quel sens des nombres possède-t-on dès le plus jeune âge, que doit-on à l’apprentissage et qu’est-ce qui se maintient au fil des ans ?
Les spécialistes expliquent d’abord que pour un enfant, les chiffres 1 et 2 semblent plus espacés que les nombres 101 et 102. Et ceci pour une raison simple : 2 est le double de 1, alors que la différence entre 101 et 102 est perçue différemment. Chez l’enfant, l’ordre de grandeur d’un nombre est évalué par son rapport à un autre nombre. Chez l’adulte, l’approche est linéaire : il considère les nombres comme des entités à part entière, séquencées sur une ligne de zéro à l’infini en fonction de leur valeur absolue.
Le doigt hésite pendant un court instant
Mais, mais… Les adultes conservent quand même des traces de leur enfance. C’est ce qui a été démontré lors d’une expérience très instructive. Une ligne a été tracée sur un iPad, avec 0 et 40 aux deux extrémités. Des nombres apparaissaient sur l’écran et les participants (adultes) devaient les situer avec le doigt sur cette ligne. Le mouvement de la main était surveillé de très près. Le résultat montre que les nombres sont placés de manière linéaire, comme attendu, sauf que pendant une fraction de seconde, il y a une légère hésitation : l’inné concurrence l’acquis.
Ainsi, dans le cas du nombre 20, le doigt hésite un très court instant à se diriger vers la droite (vers 40), avant de revenir vers la gauche (au milieu de la ligne). Pourquoi ? Car dans un premier temps, 20 est perçu comme étant plus proche de 40 que de 0. L’inné dévie vers la quantité (la proportionnalité), avant que l’acquis reprenne le dessus et oriente vers la position correcte (la linéarité).
Au-delà de l'étude de ces processus, les auteurs considèrent que ces observations pourraient permettre de dégager de nouvelles approches de certaines formes de dyscalculie (trouble de l’apprentissage numérique).