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Mon histoire : vivre avec la dépression
temoignage
Pauline souffre de dépressions récurrentes depuis des années. Elle nous raconte comment elle se sent, comment son entourage réagit et comment, après des périodes sombres, elle apprécie d'autant plus les éclaircies.
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Les facteurs déclenchants
« J’ai souffert d’une première dépression après avoir subi une série d’événements bouleversants en moins d’un an. Ma sœur de 33 ans a fait une chute mortelle dans l’escalier. Peu après, j’ai obtenu un nouveau travail mais dès la première semaine, mon beau-père, âgé de 63 ans, est décédé d’un cancer, dépisté deux mois auparavant. Mon autre sœur s’est mariée la semaine de ses funérailles et a déménagé dans le Limbourg. J’ai fait une fausse couche, j’ai cessé de fumer et nous avons vendu notre maison. Je suivais des cours du soir de l’enseignement professionnel et je devais passer des examens. Il y a eu une restructuration au sein de ma firme et comble du malheur, un collègue proche est décédé durant un week-end. J’ai donc été submergée par des événements sur lesquels je n’avais aucune prise. J’ai craqué. Je ne cessais de pleurer. Alors que j’avais toujours été vivante et énergique, je me traînais. Je passais mon temps dans un fauteuil. J’ai pris 25 kilos en six mois.
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Sans énergie
Une dépression coûte énormément d’énergie. Le simple fait de parler devient pénible. La nuit, je ne m’endors pas avant cinq heures. Je ne broie pas du noir mais le sommeil ne vient pas. Le matin, je suis incapable de sortir de mon lit. Je n’ai aucune énergie et je n’aspire qu’à une chose : passer la journée au lit.
Mon humeur s’améliore généralement dans le courant de la journée mais pendant un épisode dépressif, je suis incapable de me concentrer, de retenir quelque chose ou de lire. Je trouve difficilement mes mots, je tremble, transpire, le moindre geste représente un effort titanesque. Je préfère me cacher, dans l’espoir que personne ne me remarque, puisque la moindre chose me coûte de l’énergie. Dès que je me sens un peu mieux, j’essaie de multiplier les activités. Dans la mesure où mon apparence ne change pas, je comprends que les personnes qui ne me voient que dans mes bons moments ne puissent imaginer que je suis parfois différente.
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Traitement
Une maladie a un impact sur les autres. Chapeau à mon mari, qui supporte mes dépressions depuis la moitié de notre union. Il fuit parfois. Il va rouler à vélo pour ne plus supporter cette personne négative, qui ne dit rien, qui n’a envie de rien. Je le comprends.
Au début, je ne voulais pas de médicament car mon autre sœur, qui souffre d’un trouble complexe de la personnalité, a toujours dû en consommer beaucoup et j’en ai développé un certain dégoût. En plus, il faut quelques semaines pour trouver le bon dosage et pour que le médicament agisse. Durant tout ce temps, il faut supporter les effets secondaires. Mais à la longue, je n’ai plus eu le choix.
Après avoir essayé toutes sortes d’antidépresseurs, j’ai pris du Prozac, le remède-miracle venu d'Amérique. J’ai maigri de 7 kilos en 10 jours. Super... mais je suis devenue un zombie. Je ne parvenais plus à parler ni à marcher correctement, comme si j’avais bu. J’avais la langue pâteuse et je me déplaçais comme une ivrogne… Un livre est paru à ce propos aux Etats-Unis : « Ma vie après le Prozac ». J’ai régulièrement diminué mes doses de médicaments en été, sans succès. J’ai fini par accepter le fait que je devais prendre des médicaments pour fonctionner normalement mais je continue à me tenir au courant des nouveautés. J’essaie aussi d’émerger le plus vite possible de ma dépression, de me sentir bien dans ma peau. En bougeant, par exemple, car mon corps produit alors de la sérotonine. Mais ce n’est pas évident car si on n’a absolument pas d’énergie pour une activité en cas de dépression, c’est bien pour la course à pied.
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