Cancer de la prostate : symptômes, causes, espérance de vie et traitements

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En Belgique, le cancer de la prostate est le cancer le plus diagnostiqué chez l'homme avant le cancer du poumon et du côlon. Il est difficile à identifier car il n'entraîne souvent aucun symptôme. Les causes du cancer de la prostate sont encore largement incomprises. Certains hommes présentent néanmoins des facteurs de risque accrus. Diagnostiqué aux stades précoces, l'espérance de vie des patients est très bonne.


Pronostic et espérance de vie

Dans la plupart des pays occidentaux, la probabilité de présenter un cancer microscopique de la prostate est estimée à 30 %. Cependant, comme ces cancers évoluent lentement, le risque de développer un cancer clinique accompagné de symptômes n'est que de 10 % environ. Et le risque de mourir du cancer de la prostate est de 3 % seulement.

Comme l'évolution de ce type de cancer est assez lente, un diagnostic précoce permet un taux de survie à 5 ans de plus de 95%. Actuellement, la plupart des hommes meurent même avant que le cancer ne les tue. 

Le fait que le cancer de la prostate soit détecté de plus en plus tôt n'est pas toujours un avantage. En effet, à un stade précoce, il n'est pas toujours possible de savoir quelles sont les tumeurs qui se développeront rapidement et quelles sont celles qui resteront inoffensives jusqu'à la mort.


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Les facteurs de risque

La prédisposition génétique joue un rôle important : Le risque de cancer de la prostate serait multiplié par trois chez les hommes dont au moins un parent au premier degré (père, frère) est atteint d'un cancer de la prostate. 

L'âge : Le risque de cancer de la prostate augmente de manière exponentielle à partir de 50 ans.

  • entre 50 et 54 ans : le risque est inférieur à 1%
  • entre 55 et 59 ans : il atteint 2%
  • entre 60 et 64 ans : près de 7%
  • entre 65 et 69 ans : 14%
  • entre 70 et 74 ans : 26%
  • entre 75 et 79 ans : 40%
  • au-delà de 80 ans, environ la moitié des hommes souffrent d'un cancer de la prostate 

L'alimentation : le cancer de la prostate est beaucoup plus fréquent dans les pays occidentaux. La principale explication serait alimentaire. L'alimentation riche en graisses animales augmenterait le risque, alors qu'au contraire, des apports élevés en sélénium, en vitamines E et D et en produits à base de soja le feraient baisser. 

L'origine ethnique : Les hommes afro-américains sont plus susceptibles de développer un cancer de la prostate.

La pollution : les pesticides sont incriminés, tout comme les perturbateurs endocriniens ainsi que l'exposition professionnelle au cadmium (présent notamment dans l'industrie du caoutchouc et des pneumatiques). 

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Les symptômes

En règle générale, le cancer de la prostate évolue lentement et aucun symptôme n'apparaît clairement pendant les premiers stades de la maladie.

  • Parfois, les premiers symptômes ressemblent à ceux d'une hypertrophie (hyperplasie) bénigne de la prostate : difficultés à uriner (à commencer ou à terminer), mictions fréquentes ou urgentes, douleur ou sensation de brûlure, besoin d'uriner la nuit, sensation de vidange incomplète de la vessie, jet d'urine faible, réduit ou qui s'interrompt, éjaculation douloureuse, impuissance...
  • À un stade plus avancé, il peut y avoir du sang dans les urines (hématurie) ou dans le sperme la miction peut être complètement bloquée.
  • Parfois, le cancer de la prostate n'est pas diagnostiqué avant l'apparition de métastases. Il peut alors entraîner des troubles rénaux, des douleurs dans le bas du dos (lombalgie), des douleurs thoraciques ou costales, etc. Des lésions nerveuses (avec notamment de la confusion, de l'épilepsie)peuvent également survenir et s'accompagner d'une sorte de crise d'épilepsie, de confusion ou d'autres symptômes mentaux.

Voir aussi l'article : Sang dans le sperme : quand faut-il s'inquiéter ?

Le diagnostic

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La combinaison des examens suivants est devenue la norme en matière de diagnostic du cancer de la prostate.

    • Le toucher rectal : Le toucher rectal est l'examen de référence en cas de suspicion de cancer prostatique. Le médecin introduit un index dans l'anus afin de palper la prostate et vérifier son volume (hypertrophie), sa consistance (durcissement anormal) et sa régularité (présence de nodules). Cet examen est recommandé à partir de 50 ans ou avant en cas d'antécédents familiaux de cancer de la prostate ou de symptômes suspects. Le toucher rectal ne permet pas d'identifier les tumeurs à un stade précoce.

    • Le dosage du PSA : La prostate fabrique une protéine appelée antigène spécifique de la prostate ou PSA (prostate specific antigen, en anglais) que l'on peut doser par une analyse de sang. La valeur s'exprime en nanogrammes par millilitre (ng/ml). Le seuil de normalité généralement retenu est de 4 ng/ml mais le résultat n'est pas toujours facile à interpréter. Un seuil anormal n'est pas uniquement attribuable au cancer de la prostate. En fait, il est plus important d'examiner la variation de cette valeur, en particulier une augmentation brutale du PSA. Enfin, un patient souffrant d'un cancer de la prostate peut présenter un PSA normal, alors qu'un homme ne souffrant pas de cancer prostatique peut avoir un PSA élevé.

      • Echographie prostatique par voie endorectale : La technique consiste à insérer un petit appareil à ultrasons par le rectum afin d'obtenir une cartographie claire de la prostate. Elle permet de détecter d'éventuelles tumeurs, d'observer la taille de la prostate et, si nécessaire, d'apporter une image pour guider le médecin lors d'une biopsie. 

      • La biopsie : A l'aide d'une aiguille, des fragments du tissu prostatique sont prélevés à travers la paroi du rectum. Les prélèvements sont ensuite analysés (anatomopathologie). Les résultats permettent de confirmer ou non une suspicion de cancer et de déterminer son agressivité du cancer (c'est le « score de Gleason »).D'autres techniques permettent de cerner avec davantage de précision l'étendue du cancer (bilan d'extension).

      • Le scanner (tomodensitométrie) et la résonance magnétique (IRM) permettent d’examiner si des métastases ont touché les ganglions lymphatiques ou si le cancer a dépassé la capsule prostatique. 

      Voir aussi l'article : Cancer : un test sanguin dépiste un grand nombre de cancers avant les premiers symptômes

      Classification et traitements

      Le cas de chaque patient est discuté lors d’une Consultation Oncologique Multidisciplinaire (COM) afin de mettre en place le traitement le plus adapté à chaque type de cancer de la prostate.

      Les médecins déterminent :
      • le type de cancer
      • le stade d’avancement du cancer (localisé, atteinte ganglionnaire, métastatique)
      • l’état de santé général du patient

      Traitement d'un cancer de la prostate localisé

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      Le traitement d'un cancer de la prostate n'est envisageable que dans le cas d'un cancer localisé. Considérant les effets secondaires potentiellement très lourds des traitements, ils sont uniquement indiqués pour les patients dont l'espérance de vie est supérieure à dix ans. En effet, le cancer de la prostate évolue lentement et peut rester stable durant de nombreuses années parfois jusqu'à la mort naturelle du patient. Chez les patients de plus de 70 ans, un traitement lourd est remis en question.

      Surveillance active


      Chez les patients âgés atteints de petites tumeurs bien définies et peu agressives, il est recommandé de ne pas engager de traitement curatif mais de plutôt effectuer une surveillance active. Dans des cas spécifiques, la surveillance consiste à suivre le dosage PSA, à réaliser un toucher rectal et des biopsies. Si le cancer progresse de manière importante, un traitement curatif peut alors être mis en place.

      La prostatectomie radicale


      La prostatectomie radicale consiste en l'ablation totale de la prostate et des vésicules séminales, avec le cas échéant un curetage ganglionnaire. Cette technique donne de bons résultats si le cancer est bien localisé et peu agressif (cancer localisé de stade T1-T2). Dans plus de la moitié des cas, cette opération est associée à une impuissance et dans environ 30 % à une incontinence (la kinésithérapie peut parfois soulager ce problème).

      La radiothérapie


      Traditionnellement, la radiothérapie est réservée aux patients en moins bon état général qui ne peuvent pas subir d'intervention chirurgicale. Le traitement consiste en une série de radiations et offre pratiquement les mêmes taux de survie que la prostatectomie radicale, bien que les études ne le prouvent pas de manière indiscutable. Il présente toutefois l'inconvénient de nécessiter un traitement prolongé et d'être plus difficile à surveiller en cas de rechute. La radiothérapie est généralement recommandée pour les patients plus jeunes..

      Les effets secondaires possibles sont les suivants :

      • incontinence urinaire (environ 2 sur 10)
      • irritation rectale et saignements rectaux gênants
      • impuissance (2 à 3 cas sur 10)

      Parfois, la radiothérapie et la chirurgie sont combinées si le résultat du premier traitement n'est pas à la hauteur des attentes. Certains centres procèdent à une prostatectomie radicale en cas de biopsies positives deux ans après la radiothérapie. Une radiothérapie supplémentaire peut également être envisagée si des restes tumoraux subsistent après une chirurgie radicale. Toutefois, ces deux options n'ont pas encore été étudiées à long terme.

      Autres traitements

      • La cryothérapie : Une sonde refroidie à l'azote liquide est introduite dans la prostate que l'on détruit par l'application locale de gaz à très basse température.
      • Les ultrasons focalisés de haute intensité : Le principe consiste à détruire, par la chaleur, la prostate et la tumeur. Une sonde est introduite dans le rectum et focalisée sur la prostate qu'elle va bombarder d'ultrasons, avec une élévation brutale de la température en un point précis et une destruction immédiate des tissus. En déplaçant la sonde point par point, petite zone par petite zone, la prostate est éliminée. Ce traitement est proposé pour les cancers localisés à faible risque, et dans certaines conditions.
      • L'hormonothérapie : Combinée à la radiothérapie, l'hormonothérapie est le traitement de référence pour le cancer localisé à haut risque.

      Voir aussi l'article : Testicules douloureux : causes, symptômes, traitements

      Traitement du cancer de la prostate localement avancé

      Cette forme de cancer de la prostate s'étend à l'extérieur de la prostate (rupture capsulaire) mais sans invasions des ganglions lymphatiques ni métastases (stade T3N0M0). Différentes formes de traitement sont possibles :

      • Ne rien faire et observer l'évolution du cancer (surveillance active)
      • Hormonothérapie suivie d'une intervention chirurgicale
      • Hormonothérapie suivie d'une radiothérapie
      • Hormonothérapie seule

      La croissance des cellules cancéreuses prostatiques est stimulée par la testostérone, l'hormone masculine. L'objectif de l'hormonothérapie consiste à bloquer l'action de la testostérone, en essayant ainsi d'empêcher le développement de la tumeur et la formation de métastases. 


      Il existe différents traitements pour bloquer la production de testostérone : 

      La castration chirurgicale : Il s'agit de l'ablation des testicules. On retire soit la partie des testicules qui sécrète la testostérone, soit les testicules dans leur totalité. La chute de testostérone est rapide et spectaculaire. 

      La castration chimique : La production de testostérone est bloquée par un médicament agissant sur les hormones LH et LHRH : les antagonistes et les analogues de la LHRH. Ces médicaments sont administrés par injection. Les effets secondaires sont lourds : bouffées de chaleur, gonflement des seins, troubles de l'érection, diminution de la libido, prise de poids, fatigue...

      Les anti-androgènes : Ils empêchent l'organisme d'utiliser la testostérone produite. Le grand avantage de la monothérapie avec des anti-androgènes purs est qu'un grand nombre d'hommes conservent leur activité, ce qui est évidemment un facteur important pour la qualité de vie à un certain stade de l'existence.

      Traitement du cancer de la prostate avec métastases

      Lorsque le cancer de la prostate a atteint le stade métastatique, le cancer n'est plus limité à la prostate. Les métastases correspondent à des cellules cancéreuses qui ont migré. Il peut avoir atteint un ou plusieurs ganglions lymphatiques voire d'autres organes : les os, le foie, les poumons...

      Le traitement de référence du cancer de la prostate métastatique est l'instauration précoce d'une hormonothérapie. Dans le cas d'un cancer hormonorésistant, la chimiothérapie peut être envisagée.

      Sources :
      https://www.kanker.be
      https://www.allesoverkanker.be



      Dernière mise à jour: mars 2023

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