Fibromyalgie : quelle influence sur les capacités mentales ?
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La fibromyalgie s’accompagne d’une important détérioration de la qualité de vie et du fonctionnement quotidien : sur un plan physique, mais aussi cérébral.
Les plaintes cognitives (mémoire, attention, concentration…) sont fréquentes parmi les personnes souffrant de fibromyalgie. Souvent, elles sont attribuées à la dépression, qui affecte elle aussi une proportion importante de patients. Question posée par cette équipe espagnole (Hospital de Santa Maria, à Lérida) : dans quelle mesure ces troubles cognitifs sont-ils liés à la maladie dépressive ? Le sujet n’est pas théorique, puisque la réponse aura des implications très concrètes sur la stratégie thérapeutique.
Les chercheurs ont soumis des femmes fibromyalgiques (âgées de 30 à 55 ans) à une évaluation neuropsychologique destinée à mesurer objectivement une série de paramètres cognitifs, en particulier l’attention et les fonctions exécutives, c’est-à-dire les processus qui permettent de s’adapter rapidement à une nouvelle situation (planification, anticipation, flexibilité, organisation, gestion du temps et de l’espace...). Elles ont aussi répondu à un questionnaire portant sur les plaintes cognitives subjectives (ressenties), comme la mémoire, et sur les symptômes dépressifs, l’anxiété, la douleur, les troubles du sommeil, le fonctionnement physique au jour le jour, ainsi que la qualité de vie.
Le résultat montre d’abord que 84% des patientes rapportent des plaintes cognitives subjectives (modérées à sévères pour la majorité d’entre elles), fortement associées à la dépression, mais aussi au fonctionnement quotidien et à la performance aux tests de fonctions exécutives, dont la mémoire de travail (maintien temporaire et traitement de l’information). Ensuite, huit patientes sur dix mentionnent des symptômes dépressifs, et sept sur dix indiquent souffrir d’anxiété.
Après avoir pris en compte une série de variables, les auteurs expliquent : « Les plaintes cognitives sont très fréquentes chez les patientes fibromyalgiques, et elles sont associées à une déficience fonctionnelle et cognitive autant qu’aux symptômes dépressifs ». Ce qui revient à dire que le traitement de la dépression et/ou de l’anxiété pourrait ne pas suffire à corriger les dysfonctionnements cognitifs (dont les effets sur la qualité de vie sont bien concrets), et que ceux-ci doivent faire l’objet, si nécessaire, d’une approche et d’une prise en charge spécifiques.